Empreinte 2050 : Plan climat pour la France
Les scientifiques du monde entier qui participent aux travaux du Giec attirent notre attention depuis des années sur la gravité des conséquences du changement climatique. Fonte des glaciers et des calottes glaciaires, montée des océans et perte de biodiversité, aggravation des sécheresses et des tempêtes, les phénomènes dus au réchauffement climatique nous alertent et c’est avec la volonté de travailler sur des réponses réalistes que le Parti communiste a présenté « Empreinte 2050 », son « plan climat pour la France ».
Ce plan climat, tout en refusant une vision austéritaire qui condamnerait d’avance toute avancée, se veut radical et porteur d’un modèle de société en rupture avec le capitalisme.
Partant des besoins actuels et en affirmant que chacune et chacun doit pouvoir se nourrir sainement, se loger décemment, se chauffer et circuler, le plan déroule de très nombreuses mesures permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
À ces mesures s’ajoutent celles qui seront nécessaires pour l’adaptation des individus, des entreprises et des collectivités au changement climatique.
Ce plan représente le premier jalon d’une réflexion collective, amenée à s’enrichir au fur et à mesure des recherches et des études à venir.
https://revue-progressistes.org/wp-content/uploads/2023/11/Empreinte2050.pdf
Décarbonation de l’économie
Sans négliger la recherche d’une consommation modérée, d’une production durable et de pratiques de recyclage, les objectifs retenus d’en arriver à une neutralité carbone à l’horizon 2050 ne pourront être réalisés sans une planification d’importance dans quelques secteurs clé : les transports, le logement, l’industrie et l’agriculture.
Pour ce qui est des transports, il s’agirait de privilégier puissamment le rail, afin de réduire la dépendance à la voiture et d’offrir des alternatives à l’avion pour les trajets plus longs, avec la volonté d’offrir une accessibilité à la mobilité pour toutes et tous.
De même pour le fret, le plan prévoit de développer les modes ferroviaires et fluviaux.
Par ailleurs, il est envisagé de décarboner la route en construisant des véhicules plus légers et en électrifiant à terme l’ensemble du parc automobile.
Concernant le logement, il est prévu, outre le fait de lutter contre une trop grande vacance, une rénovation thermique à grande échelle, accompagnée financièrement par les pouvoirs publics et une sortie progressive du fuel et du gaz par l’électrification du chauffage.
Le plan climat projette, par ailleurs, une véritable réindustrialisation du pays afin de limiter, d’une part, des déficits évitables de la balance commerciale, mais surtout de limiter les émissions de gaz à effet de serre liés au transport global des marchandises à travers la planète.
Il s’agirait encore de décarboner autant que possible l’industrie par l’électrification, le biogaz et l’hydrogène.
Du côté de l’agriculture, le plan promeut une diversification de la production avec des usages qui puissent mêler polyculture et élevage, dans des exploitations à taille humaine pour une alimentation saine pour tous.
Afin de compenser les émissions résiduelles de carbone, notamment générées par l’agriculture, il est prévu d’augmenter considérablement les puits de carbone au moyen d’une ambitieuse politique agroforestière, en agrandissant la surface des forêts à hauteur de 2,4 millions d’hectares et en plantant des millions de kilomètres de haies, le tout en conciliation avec l’élevage et la culture. Ici encore, l’électrification des activités agricoles serait une clé essentielle pour permettre d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Pour obtenir une efficacité à la hauteur des enjeux, le plan « Empreinte 2050 » envisage une sortie du marché pour les grands secteurs les plus émetteurs de carbone que sont la mobilité, l’énergie et le bâtiment. Il est ainsi prévu de nationaliser certains pans de l’économie et de constituer de grands pôles publics du logement, de la mobilité ou encore de l’énergie articulés entre eux et avec les entreprises.
Cela ne pourra pas non plus se faire sans une refonte des systèmes éducatifs et universitaires, avec des moyens fortement augmentés, une recherche publique dissociée des exigences du marché, une formation initiale et continue pour l’ensemble des travailleurs dans le cadre du projet Sécurité emploi formation. Cela ne pourra pas se faire non plus sans une véritable appropriation des enjeux par l’ensemble de la population en accordant le droit d’initiative et de contrôle aux salariées et salariés dans les entreprises.
Enfin, il serait nécessaire de construire un grand pôle bancaire public pour permettre le financement des mesures, sans avoir à chercher sur les marchés financiers les crédits nécessaires.
C’est donc à rebours de toute logique libérale que le plan climat pour la France situe sa réflexion, prônant une rupture radicale avec les politiques actuellement menées, politiques qui nous conduisent dans le mur.
La production d’électricité, pour atteindre la neutralité carbone
Le plan climat présenté par le Parti communiste, anticipant les besoins en énergie de la population future et répondant à la nécessité d’atteindre la neutralité carbone en 2050, prône une véritable électrification des usages, tant individuels que professionnels, tant industriels, qu’agricoles ou tertiaires.
Sur la base de simulations, il est donc envisagé de monter la production d’électricité jusqu’à 970 TWh (la production de ces dernières années variait entre 450 et 550 TWh) pour pouvoir se passer fortement des énergies fossiles et ainsi de diviser par 7,5 les émissions carbone.
Une des premières mesures serait de (re)constituer un véritable service public de l’énergie qui pourrait piloter la mutation qu’il va nous falloir faire, des voitures électriques au fret par le rail, du passage au chauffage électrique dans les habitations à la réimplantation d’une industrie électrifiée.
Ce pôle public de l’énergie devrait planifier une montée en puissance de la production électrique en mixant énergie nucléaire et énergies renouvelables (éolienne, solaire, hydraulique, biomasse et géothermique).
Dans un premier temps, et jusque vers 2035, il s’agirait de miser fortement sur les énergies renouvelables, en accélérant le rythme d’installation du solaire et des éoliens terrestre et maritime.
D’ici 2050, le plan projette un grand programme nucléaire qui permettrait de stabiliser la production des énergies renouvelables. Ce programme reposerait sur le prolongement d’un maximum de réacteurs au-delà de 60 ans, la mise en service de six premiers EPR2 et l’installation de petits réacteurs modulaires (SMR).
Ce programme de production électrique permet de répondre à une demande en nette hausse, d’obtenir de la flexibilité pour assurer l’équilibre offre-demande avec des moyens pilotables, de travailler sur le stockage et, par l’interconnexion avec les pays voisins, d’être en mesure d’exporter. Cela nécessitera de reconstituer nos capacités industrielles et de former un grand nombre de travailleuses et travailleurs du secteur pour une montée en compétence optimale.